Point de Bateaux à Vapeur — Une Vision

(No Steamboats — A Vision)

James Fenimore Cooper (1832)

As published in   Paris, ou le Livre des Cent-et-Un  Vol. IX, pp. 221-250 (1832).

With an English translation, as published in   The American Ladies’ Magazine  Volume VII, Boston, pp. 71-79 (1834)  [amplified and annotated by Hugh C. McDougall,  James Fenimore Cooper Society].

[May be reproduced for instructional use by individuals or institutions; commercial use prohibited.]


Introduction

Although James Fenimore Cooper became quite fluent in French during his seven-year sojourn in Europe, only once did he apply his abilities to the writing of fiction. Point de Bateaux à Vapeur [No Steamboats] was published in 1832 during Cooper’s last year in Paris and, although it was partially translated by an American magazine in 1834, it has remained almost completely unnoticed. Nevertheless, Point de Bateaux à Vapeur is a pointed and often funny satire on European misunderstandings about America, and we are happy to make it available to a wider audience. The French text has come from the French National Library’s Gallica website, one of the world’s greatest online archives. It should be noted at the outset that the “point” of the title is that, in 1832, there were in fact no steamboats crossing the Atlantic — the first would not do so until 1839. We give Cooper’s original French text (beginning page 2) in its entirety, with only a very few silent corrections of obvious typographical errors. This is followed (beginning page 13) by the English translation of 1834. Portions of the original French text that were omitted in this translation have been provided in [square brackets]. The English translation has also been annotated to identify some allusions that may not be obvious to modern readers, and to note occasional corrections of errors in the translation. To facilitate citation, the original paginations of both the original and translation are indicated in {curly braces}. It will be noted from the French editor’s footnote that Cooper’s French text apparently introduced the word idiomatique into the French language — as he would later introduce the French word restaurant into American English.

— Hugh C. McDougall, Secretary, James Fenimore Cooper Society

Cooperstown, New York

June 2002


Point de Bateaux à Vapeur — Une Vision

[French Editor’s Note]: Le chapitre qu’on va lire n’a point été traduit de l’anglais, ainsi que le nom de M. Cooper pourrait le faire croire; l’auteur l’a ecrit lui-même en français: cette circonstance, qui rend plus vifs encore l’intérét et le charme que doit exciter la lecture de ce brillant morceau, sort aussi à expliquer l’emploi de certaines locutions peu idiomatiques, pour me servir ici de l’expression si heureusement trouvée par l’auteur.  

Cette vision, empreinte d’un bout à l’autre de sarcasme et d’ironie, a pour objet, ce nous semble, de réfuter les attaques multipliées auxquelles le gouvernement des État-Unis d’Amé{222}rique a été en butte, dans ces derniers temps, de la part de différents publicistes français et étrangers. Les personnages allégoriques désignés sous le nom collectif de MM. de Trois-Idées, représentent les partisans et les champions des formes constitutionnelles adoptées en Europe, et la plupart des arguments burlesques que l’auteur met dans la bouche de ces messieurs ne sont que la critique de certaines objections soulevées contre le système américain, lequel est, suivant M. Cooper, le seul système vraiment représentatif, dans l’acceptation complète et littérale du mot. (NOTE DE L’ÉDITEUR.)

{221} Cinquante siècles se sont écoulés, et les plus nobles desseins de la Providence restent voilés {222} à l’intelligence humaine. La création change ses formes, — le temps use le monde, — les fondations de la terre tremblent et une race disparaît devant le déluge. L’habitant des abîmes de l’Océan est tiré de ses cavernes et hermétiquement cacheté au sein de rochers impénétrables. Des générations naissent, redeviennent poussière, et sont oubliées. Des empires se forment, tombent, et ne laissent que des souvenirs. Cyrus et Alexandre, les Ptolémées et Salomon, Grec et Romain, Confucius et Zoroastre jouent leurs rôles et quittent la scène. Mais le dernier et le plus sublime de tous les actes de la pièce n’est pas encore prêt!

Les tremblements de terre engloutissent des royaumes; les volcans avalent palais, tours, et villes; la fertilité de l’Afrique se fane sous la chaleur de son soleil ardent. Des collines se trouvent là où étaient autrefois des lacs; les plaines {223} sont encombrées de débris de montagnes, les rivières se perdent dans les sables brûlants. Les animaux se ressentent de l’influence du temps. On ne reconnaît le mastodon que par ses ossements; la férocité du loup se perd dans la docilité du chien; le bondissant zèbre se change en âne. Et le voile reste devant les yeux de l’homme!

Les arts, les connaissances, et le pouvoir passent de l’est au couchant. Des déserts arides couvrent les lieux jadis occupés par les sièges révérés de la science; le tigre rôde dans l’école du philosophe; les lézards jouent sur les plus nobles monuments de l’art, et le serpent laisse sa bave dans les salles des rois. Le moment arrive, le signal est donné, Colomb est né, et l’est reconnaît l’existence de l’occident!

Il y a joie depuis les colonnes d’Hercule jusqu’à la mer du Nord! Le ciel donne à l’Europe un riche tributaire. Le chef de l’Église répartit le nouveau monde d’une main libérale; l’élite de la terre se réjouit de son acquisition; l’Amérique est là pour trésor inépuisable. On appelle le chrétien de toutes les nations. Il part avec l’épée, le limier, et la croix. Alors le soleil de la civilisation se lève sur l’autre hémisphère. Montezuma est couché sur son lit de roses, et le sol s’engraisse du sang des Incas. L’or du Pérou et du Mexique coule comme l’eau, et le Brésil rend ses pierres {224} précieuses. Il y a joie depuis les colonnes d’Hercule jusqu’aux rives de la Norwège!

Les mystères de Dieu sont inscrutables. Un sombre nuage couvre la terre des Powhattan et des Metacom. Ni prince, ni comte, ni baron, ni aucun sire de Coucy même, ne veut y brandir la lance. L’or n’y brille pas. Une barque, déployant le drapeau du Christ, part, perce le nuage et se perd de vue. Un siècle et demi s’écoule, et l’Europe oublie l’existence de ces pélerins simples et dévoués. La marche du temps est éternelle; les entrailles du Mexique deviennent stériles, le Pérou ne rend que du sang. Alors l’Europe ouvre ses yeux et regarde autour d’elle. La semence jetée sur cette terre inconnue a pris racine; le buisson est devenu arbre. Là se trouve debout une nation, forte de sa position, de ses travaux, et de ses principes. On s’agite, on discute, on s’alarme, et. ... ...


Il y a une rumeur sourde dans la rue Saint-Dominique. Le bruit s’approche et s’arrête devant la porte-cochère. Un demi-jour sombre règne dans le petit cabinet de l’hôtel Villermont; le feu luit dans une cheminée vraiment parisienne; les tentures rouges, les dorures du goût {225} de Louis XV, les riants Cupidons, les tableaux vivants se voient par une lumière mystérieuse. Le violon du digne M. Alerme du grand Opéra repose sur une table. La porte s’ouvre, et le fidèle suisse, François Emery, paraît. Il parle:

“Messieurs de Trois-Idées-Européennes désirent monter.”

“Et tous ce tapage est causé par une idée!”

“Monsieur se trompe; — il y en a trois.”

“Ah! elles se brouillent; cela s’entend. Quelle espèce de gens sont ces messieurs?”

“Ma foi; je ne saurais le dire. Leurs laquais les appellent des abstractions.”

“Ha! ils ont des laquais! Ils viennent donc en voiture?”

“Quoique monsieur ait beaucoup voyagé, je ne crois pas qu’il ait jamais vu un équipage si drôle! Ce n’est qu’une roue énorme qui est poussée en avant par une grande foule de gens à pied, qui marchent comme ils peuvent, à travers le bon et le mauvais, pendant que ces trois messieurs la guident assis à cheval sur le timon.”

“Et cela va bien?”

“Mais comme ça. On est mieux et on est pis.”

“Quel âge ont-elles, ces idées?”

{226} “Elles ont l’air d’être des messieurs un peu usés, rajustés avec des perruques neuves.”

“Et leurs noms?”

François Emery aime à mettre en évidence son savoir. En regardant avec intensité les cartes qu’il tenait, il répond:

“L’un s’appelle M. du Portefeuille, l’autre M. de l’Hérédité, et le troisième M. Blouse. Ce dernier parle le plus facilement et le plus souvent; c’est un homme prolixe ça.”

“Qu’ils entrent;. . ... mais s’ils arrivent de cette façon ils doivent avoir les pieds sales?”

“Ne craignez rien, monsieur, pour les tapis. Ils se trouvent bien là sur le timon; s’il s’agissait de leurs mains, ce serait peut-être différent.”

“Je pense qu’ils ne marchent pas à quatre pattes; — qu’ils se donnent la peine de monter.”

Les étrangers entrent, et l’on se salue. Au premier coup d’ il, une ressemblance frappante de famille se fait voir entre MM. de Trois-Idées. Mais il existe une différence assez prononcée entre leurs toilettes. Tous les trois portent des robes qui cachent leurs véritables proportions. L’un a la tête profondément enfoncée dans un portefeuille, qu’il porte comme chapeau à cornes; l’autre a la tête garnie d’une perruque bien pou{227}drée et de rien autre; le troisième a des prétentions à la casquette. Ce dernier est de plus en blouse; mais j’aperçois qu’il porte, dessous, des bas de soie et du linge fin.

“Messieurs, je sui charmé de vous voir. Je regrette que mon cabinet ne soit pas plus digne de recevoir de pareils hôtes. Mais comme vous avez l’air d’être fort liés, j’espère avoir assez de place pour vous mettre à votre aise.”

Messieurs de Trois-Idées se balancent comme des danseurs de corde, at avec une grâce infinie.

“M. Cooper (c’est M. Blouse qui parle), nous ne sommes pas gens à nous gêner en quelque position que se soit. Vous voyez comme nous nous accommodons l’un à l’autre; nous sommes comme des fluides qui trouvent toujours leur niveau. Le but de notre visite est noble, grand, immense, vraiment idéal, pour tout dire en un mot, — et je vous demande la permission de m’expliquer plus clairement.”

“Le plus clairement sera le mieux, monsieur.”

Alors M. Blouse arrange trois fauteuils de manière à s’en faire une tribune. Il y monte, et touchant légèrement, par hasard, du doigt la tête de M. de l’Hérédité, on croit entendre une son{228}nette. L’orateur avance le bras à la Cicéron, et commence:

“M. Cooper, dit-il, nous sommes Messieurs de Trois-Idées-Européennes. L’étude des grands intérêts humains forme notre occupation; leur avancement, notre devoir comme nos délices; nous sommes de véritables philanthropes dévoués à l’intérêt général. Nous ne sommes pas comme vous autres Américains qui ne pensez qu’à vous-mêmes; mais après avoir convenablement soigné nos propres affaires, nous sommes à la disposition de tout le monde. Nous avons approfondi toutes les questions, dévoilé tous les faits, et tiré toutes les conséquences justes et profondes, que la logique, la philosophie, la grammaire, la géographie, en un mot les sept sciences et tous les arts, y compris celui de la politique, et toutes les connaissances humaines puissent obtenir par de tels moyens. Mais, M. Cooper, quel tableau horrible de votre pays malheureux a été dévoilé par nos investigations philanthropiques! Là on voit la population en possession des facultés qui appartiennent naturellement à l’élite: les conséquences sont effroyables; la corruption y marche debout; l’égoïsme y règne; un chaos social confond les classes; le chrétien es sauvage; le sauvage chrétien; les noirs sont blancs; les blancs {229} mulâtres, enfin l’eau même est changée en rum.”

Ici M. Blouse se laisse aller à l’émotion qu’il éprouve et pleure. M. de l’Hérédité se couvre les yeux, et fait une révérence de condoléance; M. du Portefeuille disparaît pour un moment par la porte: j’apprends plus tard, que cette courte absence n’était que pour expédier des courriers aux différents cours, avec les nouvelles du profond effet produit par ce premier coup parlementaire. L’ordre se rétablit.

“M. Cooper,” continue l’orateur se mettant la main sur le cœur, comme un homme profondément convaincu de la vérité de ses paroles, “nous ne sommes pas des gens vulgaires: nous avons déja abandonné l’opinion de l’infériorité naturelle de l’Amérique à notre Europe; à cet égard nous sommes plus que philosophes, — nous somme justes.”

“Vous ne nous croyez pas des nègres?”

“Nous faisons plus même, — pour éviter la réserve diplomatique, nous déclarons ici, à la face de l’univers, que les anciens écrivains européens avaient tort; qu’en Amérique les hommes ont véritablement des barbes, les poissons des écailles, les singes des queues, et les tigres des griffes. Non, en tout cas, il faut être juste; s’il y a quelque différence entre les embellissements {230} et ceux qui se trouvent dans notre vieille Europe, ce n’est que la différence naturelle qui existe entre les productions d’un hémisphère neuf et ceux d’un autre déja expérimenté. Non, il faut être juste! l’Amérique à cet égard n’a que la jeunesse pour tort. Le temps soulagera ses griefs.”

“M. Blouse, la libéralité peu attendue de cette concession me convainc que j’ai à faire à des hommes éclairés.”

“Non, il faut être juste, — les singes américains ont vraiment des queues! Cette impartialité démontre avec quel esprit nous avons poursuivi toutes les autres investigations. Mais, M. Cooper, mon très-cher, très-estimé et trop aimé ami, nous sommes touché au cœur du danger d’un peuple qui ne possède qu’une idée, idée si égoïste qu’elle confond un nation entière avec elle-même. Nous voyons vos périls moraux, sociaux et pécuniaires; résolus à ne pas vous abandonner à vos propres mouvements sans un seul effort pour vous faire voir l’abîme où vous allez tomber, nous avons ordonné à nos différents employés en Amérique, de nous expédier de suite les documents nécessaires à un exposé complet du triste état de votre chère et déplorable patrie. A présent nous pouvons parler avec autorité; nous venons {231} de recevoir de New-York une foule de ces documents par le dernier bateau à vapeur arrivé au Havre.”

“M. Blouse, je respire! Comme il n’y a point de bateau à vapeur qui navigue sur l’Océan entre l’Europe et l’Amérique, il est possible que vous vous trompiez à l’égard de faits plus importants pour mon pays.”

“Point de bateau à vapeur!” s’écrie M. de l’Hérédité, à qui vient une idée.

M. Blouse me regard avec une commisération mêlée de douleur.

“M. Cooper, votre élan patriotique s’alarme trop facilement. Je n’ai aucune intention de faire la moindre allusion inconvenante, quoique les entreprises des bateaux à vapeur soient si éminemment républicaines. En réfléchissant un instant, vous verrez l’impossibilité de nier un fait reconnu par toute l’Europe, depuis la Méditerranée jusqu’à la mer Blanche.”

“C’est précisément parce que la fausseté évidente de ce que vous appelez un fait se trouve, pour ainsi dire, la moitié du temps dans vos propres ports, que je suis porté à espérer que vous pourriez avoir tort à l’égard de choses moins apparentes.”

“M. Cooper, vous êtes marin!”

“Assez pour reconnaître la différence entre {232} un bateau à vapeur et un bâtiment à voiles. M. Blouse, soyez sûr que les paquebots entre l’Europe et l’Amérique ne sont pas des bateaux à vapeur.”

“Point de bateau à vapeur!”

“M. de l’Hérédité, ne dérangez pas vos idées à cause d’une dénégation qui vient d’une exaltation patriotique. Mais n’importe, — voici des documents, M. Cooper, qui concernent votre pays, qu’ils nous soient arrivés de quelque manière que ce soit. (Ici MM. de Trois-Idées vident leurs poches d’une quantité de livres, brochures et journeaux. Je remarque les noms de MM. Buffon, Balbi, Basil-Hall, Saulnier, Jouffroi, la Revue britannique, le Quarterly Review, et l’ouvrage de mistresse Trollope, parmi cent autres). Là se trouvent des preuves irrécusables et douloureuses contre votre déplorable pays. La plus grande partie de ces documents arrivent même des États-Unis de l’Amérique-du-Nord.”

“M. Blouse, il n’y a point de pays qui s’appelle les États-Unis de l’Amérique-du-Nord.”

“Vous récusez les faits pour ainsi dire consacrés dans les idées européennes! et vous croyez possible de raisonner de cette manière inouïe!”

“Il me paraît que tout le mérite de notre discussion va rouler sur des faits. Vous produisez de graves accusations contre ma patrie, et je {233} crois important de prouver que vous êtes mal informé, en ce qui touche une circonstance très-familière, et que vous ignorez même son nom.”

“Monsieur, vous attachez une importance tout-à-fait extraordinaire aux faits, et vous devriez être trop ami d’une liberté sage pour limiter la logique de cette façon-là. De plus, nous ne sommes pas gens à être repoussés de notre position par le dogmatisme. Où est notre dernier ouvrage européen sur ce pays-là? ... — Ah! le voilà! — Vous voyez, monsieur, ici il n’y a point d’erreur. C’est l’édition de 1832. — De 1832, mon cher! Écoutez les paroles de l’auteur, où il parle de votre déplorable pays:

“Ainsi donc cette confédération se trouve désignée sous les quatres noms de Confédération Anglo-Américaine, qui nous paraît être le moins impropre, parce qu’il ne peut convenir à aucun autre état fédératif; d’ États-Unis de l’Amérique-du-Nord; d’Union par excellence, et d’ États-Unis (United-States) proprement dits; ce dernier est le nom officiel et s’emploie dans les transactions politiques.”

“Je me trouve obligé de nier tous ces quatre noms, comme je viens de nier l’existence des bateau à vapeur. Il est vrai que nous nous appelons souvent les États-Unis par abréviation, mais pas comme proprement dits. Quant à la {234} Confédération Anglo-Américaine et aux États-Unis de l’Amérique-du-Nord, ce sont des titres tout-à-fait inconnus dans le pays. Nous disons l’Union, comme on dit le royaume en Europe.”

“Mais, M. Cooper, vous oubliez notre haute autorité!”

“C’est grave. Je vois la nécessité de vous faire face, armé d’une autorité au moins aussi valable, ou de vous céder le terrain.”

Là-dessus je mets la main dans la poche de mes culottes, et j’en retire la constitution de ma patrie, dont je lis la première clause avec la fermeté d’un homme à moitié assuré de son fait: “Le titre de cette confédération sera les États-Unis d’Amérique.”

“Allons donc. C’est inconcevable cela! — Ah! — La constitution à tort! Plusieurs honorables Américains nous ont assuré que de pareilles bétises fourmillent dans la constitution.”

“Point de bateau à vapeur!”

“Monsieur paraît s’occuper beaucoup de la petite mésintelligence du bateau.”

“N’y pensez pas; les idées qui viennent en ligne directe, de mâle en mâle, sont souvent comme cela.” *

“C’est clair; oui, la constitution a énormément tort!”

“Comme vous voudrez, monsieur.”

“Étant d’accord sur ces faits préliminaires, {235} passons à l’éssentiel. Il est apparent, par les documents intéressants reçus par le dernier bateau à vapeur des États-Unis de l’Amérique-du-Nord, que votre république dort sur un volcan, et que vous payez en contributions, par tête, 36 francs 96 centimes, tout juste.”

“Les volcans sont des phénomènes naturels; et quant à nos contributions, comme elles viennent de nous-mêmes, il est peu probable que nous payions plus que nous n’avons besoin, ou que nous puissions supporter.”

“Voilà une erreur fatale! La tendance de chaque mouvement populaire est aux excès; et en laissant à le population ce droit de se taxer, le peuple se vole le dernier sou. Est-ce possible, cher M. Cooper, que vous n’ayez pas encore lu ce que nous venons de fair publier sur ce développement intéressant d’un esprit financier tout-à-fait abandonné à lui-même!”

“Monsieur, j’ai donné quelque attention à cette position ingénieuse.”

“C’est bien, et je ne doute pas qu’un homme de votre intelligence ne le comprenne aussi bien que celui qui l’a ecrit. Mais j’ai l’honneur de vous proposer de pousser vos études sur ce sujet encore plus loin. Aujourd’hui, et dans le sens du progrès, il n’y a que deux grands systèmes de gouvernement, l’un qui repose sur {236} la fondation étroite et chancelante d’une population pour ainsi dire entière, et l’autre qui dépend de trois idées conséquentes et bien balancées. Il m’est difficile de croire que vous ne voyiez pas la différence énorme entre ces deux catégories.”

“Elle me paraît la différence qui existe entre celui qui se tient sur ses pieds, et celui qui se tient sur sa tête.”

“Point d’Amérique-du-Nord!”

“Mon cher M. de l’Hérédité, toutes ces questions se sont déja décidées en notre faveur; passons aux faits. Voici, M. Cooper, une oppression vraiment populaire. Quelle tyrannie! quel effet horrible de la suprématie d’une nation sur elle-même! Vous enchaînez les rues le dimanche, et cela dans un pays soi-disant libre! Pauvres rues, que vous êtes malheureuses! Que n’êtes-vous des rues européennes, si propres, si larges, si sèches, si trottoirisées, enfin si libres! Pauvres rues américaines, que vous êtes vraiment opprimées!”

Ici M. Blouse pleure de nouveau; les larmes tombent aussi d’un il de M. du Portefeuille; ce dernier ne faisant jamais voir qu’à moitié aucune sympathie humaine.

“Essuyez vos larmes, messieurs, le grief n’est pas fatal. Nous sommes protestants, et le {237} service de notre culte exige le silence: certaines parties de l’année, à cause du climat, on laisse les fenêtres des églises ouvertes; et pour empêcher le tintamarre des voitures, on passe une chaîne à travers la rue, dans les endroits où le bruit pourrait gêner. Mais les piétons circulent à volonté, et les voitures mêmes s’approchent de toutes les portes sans exception. De plus, l’usage est plutôt protestant qu’américain, et se trouve même dans les pays les plus favorisés des Trois-Idées. Vous enchaînez aussi vos rues très-souvent avec épées et baïonnettes, pour que les courtisans arrivent facilement faire leur cour aux princes, et ce que nous faisons est pour aider les pieux à adorer Dieu en tranquillité. Nos chaînes ne mangent pas, et nous croyons gagner aux moins sous le rapport de l’économie.”

“Il a fallu un soulèvement du peuple pour faire partir vos bateaux à vapeur le dimanche. Pauvres bateaux opprimés! pauvres rue garrottées!”

“M. Blouse, votre aimable tendresse de cœur en faveur des chose inanimées vous emporte. Le gouvernement des États-Unis étant vraiment une représentation, (je demande la parole, interrompt M. du Portefeuille avec chaleur.) les lois ne sont que la réflexion de {238} l’opinion publique, et un soulèvement du peuple est peu nécessaire pour ses faire changer. C’est vrai qu’il y a eu polémique à l’égard de l’emploi des bateaux à vapeur le dimanche; et je me rappelle une caricature qui représentait des prêtres et certains zélés retenant par des cordes un de ces bateaux, et le peuple poussant de l’autre côté. Peut-être, monsieur, avez-vous pris cette petite gravure pour un fait bien constaté. Voulez-vous avoir la complaisance d’examiner vos documents; il est possible que vous y trouviez cette caricature parmi les autres.”

“Point de dimanche aux États-Unis de l’Amérique-du-Nord!”

La parole est à M. du Portefeuille.

“Messieurs,” dit ce dernier, “on a attaqué nos principes. On a voulu dire que nous ne sommes pas des idées représentatives, mais positives. Je vais consacrer toute la théorie de nos idées dans un protocole n° 7896, et en attendant je fais ici, devant Dieu et devant les hommes, une protestation solonnelle contre l’accusation.”

“Messieurs, il est difficile pour un homme de soutenir sa thèse, quand chaque fait qu’il établit devient une accusation contre ses adversaires. Je suis ici sur la défensive, et si l’exposé {239} des principes et de la pratique de mon pays blesse quelque système, assurément la faute n’en est pas à moi.”

Ici M. du Portefeuille descend de la tribune à trois fauteuils, et M. Blouse y remonte. Ce dernier parle.

“Regardez ce tableau; vous y verrez à quel point de dégradation le suffrage universel a réduit le sexe même chez vous.”

M. Blouse me présente une gravure. Je vois une femme très-laide, un miroir, et sur une chaise des vêtements qui pour le moment sont inutiles.

“M. Blouse, ceci se ressent du Palais-Royal.”

“Du tout, — elle vient du génie d’observation d’une femme délicate, spirituelle, et bien imbue des Trois-Idées. Elle a fait dernièrement un voyage dans votre pays, et voilà ce qu’elle en a rapporté! Ce n’est pas tout; elle raconte que vos femmes passent leurs soirées à boire du thé avec de beaux jeunes missionnaires, pendant que leurs bêtes de maris lisent les journaux dans les salons de lecture; et quand elles se sont bien enivrées de thé, elles vont coudre des chemises pour les pauvres, jusqu’à minuit, dans les sociétés Dorcas. Quelle immoralité que cette société Dorcas!”

{240} “Et tous ces faits philosophiques viennent de cette dame?”

“Il y en a mille semblables. On l’a appelée, même au nez, vieille femme!”

“Peut-être cet outrage est-il cause qu’elle a représenté mes belles compatriotes de cette façon.”

“Votre soupçon est injuste. Son impartialité est au-dessus de tout reproche. Voici ses propres paroles: “Les femmes américaines sont les plus belles du monde, mais les moins intéressentes.”

“Comme il y a contradiction frappante entre la gravure et les paroles de cette excéllente et conséquente observatrice, et comme vous m’avez accordé toute la dignité d’un homme à l’égard de la barbe, il me semble que nous ferrons bien d’abandonner cette-partie de la polémique au contraste patent qu’il y a entre le livre et son ornement.”

“Quelle horrible infamie qu’une société de chemises à la Dorcas!”

“Je vous en prie, M. de l’Hérédité, ne m’interrompez plus.”

“Soyez indulgent, M. Blouse. Quand on parle devant les voûtes vides, il y a toujours réponse en vertu des lois acoustiques, et une Idée comme vous devrait savoir que les échos per{241}dent toujours une certaine partie de ce que l’on dit.”

“Qu’importe, pour un mot de plus ou de moins. Ils lancent encore maintes accusations contre votre pays, ces braves écrivains. Par example, telle est la fausse délicatesse de vos dames, qu’elles refusent de se tourner le dos dans les quadrilles: ici vous voyez le fait solonnellement constaté par un Anglais très-spirituel, et qui n’est que trop modéré à votre égard.”

“Je demande la parole pour un fait personnel,” s’écrie le violon du digne M. Alerme du grand Opéra.

M. Blouse quitte la tribune, et le violon y monte. On entend quelques accords, et le dernier parle avec harmonie.

“Messieurs, c’est une bêtise infame que celle de M. l’Anglais. Ce voyageur ignore les usages des salons. La mode de danser dos-à-dos est déja gothique, étant tombée en désuétude six semaines avant le départ de ce Vandale pour l’Amérique.”

Ici le violon joue une finale tout-à-fait de bon goût, et quitte le fauteuil. M. Blouse reprend sa place.

“Voici, M. Cooper, un fait mortel,” continue ce dernier. “Deux membres du congrès américain se sont battu au pistolet et à l’épée, {242} à cheval, dans la salle de la chambre. On dit même que des batteries étaient attelées par les amis respectifs des deux combattants, et que trois pièces de canon et un fourgon venaient d’arriver dans l’antichambre, quand l’orateur réussit à rétablir l’ordre.”

“Le fait est un peu exagéré. Il est vrai qu’un homme qui n’est pas membre du congrès a fait une attaque avec sa canne contre un autre qui l’était, à peu de distance du Capitole et en plein air. Il est également vrai que l’agresseur, se trouvant à la merci de son adversaire outragé, a tiré un coup de pistolet. La justice a de suite pris connaissance de l’affaire. Tout ce que l’on a dit de deux membres du congrès, des pistolets, des charges de cavalerie, des pièces de canon avec fourgon, tout cela n’est qu’une de ces rumeurs vagues qui accompagnent toujours les grands combats.”

“La lutte mortelle de deux membres du congrès est un fait déja consacré dans tous les esprits européens!”

“Que voulez-vous, monsieur? les esprits européens sont si fins quand il s’agit de nous! Vous avez entendu la manière extraordinaire dont votre collègue, l’honorable M. de l’Hérédité, dénature vos propres paroles sur ce sujet-là.”

“En tout cas, il y avait coup de pistolet, et contre un véritable membre du congrès. C’est beaucoup!”

{243} “Malheureusement cela n’est que trop vrai, et c’est beaucoup. Pourtant de pareils événements arrivent sous l’influence des Trois-Idées-Européennes. En Angleterre, le pays le plus idéalisé selon votre système, on a vu tirer deux fois contre le roi George III. — M. Perceval, premier ministre du même pays, fut tué dans le couloir de la chambre. — Le roi Guillaume IV a reçu très-dernièrement un coup de pierre au front. — M. Calemard de Lafayette est tombé victime d’un assassinat, en sortant de la Chambre, sur la place Louis XV, il y a trois ans. ...”

“Donnez-vous la peine de respirer, je vous conjure, mon cher M. Cooper; oublions ce malheureux coup de pistolet. Nous possédons une foule de faits accablants contre votre triste pays. On nous assure que le goût vous manque entièrement; vous avez négligé, avec un esprit vraiment anarchique, de faire faire de nobles châteaux et de beaux parcs sur les rives enchantées du fleuve Colombie et sur celles du charmant lac même du Bois. Quels sites délicieux sont victime de votre bas égoïsme!”

“Le temps y remédiera.”

“Vous n’êtes pas des gens comme il faut.”

“Cela viendra avec les châteaux.”

“Vous ignorez entièrement les convenances.”

{244} “Nous les apprendrons plus tard.”

“Vous êtes pourris avand d’être mûrs.”

“C’est la précocité d’une riche nature.”

“Vos ancêtres n’étaient que des galériens européens.”

“C’est dommage qu’il n’y en ait plus de pareils.”

“Vos négociants sont des escrocs.”

“Que voulez-vous!”

“La magnanimité, la vérité, et toutes les hautes qualités vous manquent.”

“Ce sont, sans doute, de monopoles idéals.”

“Vous êtes éminemment bas et vulgaires.”

“Prêtez-nous de votre gros bon ton.”

“Si ce n’était pour les vertus éclatantes de la simplicité, votre pacte social tomberait demain.”

“Nos vertus nous rendent service.”

“Vous êtes une propagande éternelle.”

“La vérité l’est toujours.”

“Nos employés, jusqu’à ceux qui n’ont que dix-huit ans, et qui sont si éminemment capables d’approfondir la question, nous mandent de Washington que votre Union sera dissoute, lundi prochain à deux heures trois quarts après midi.”

“Elle durera jusqu’à lundi en huit.”

{245} “On dit aussi que votre gouvernement n’est qu’un compromis.”

“Chaque gouvernement l’est, ou quelque chose de pire.”

“Vos institutions sont idéales.”

“Voilà quelque chose à votre goût.”

“Vous êtes dévoués aux faits communs.”

“Voilà qui est au nôtre.”

“Vous aimez le général Lafayette.”

“Pour cause.”

“Vous êtes jeunes.”

“Tant mieux.”

“Vous ne deviendrez jamais vieux.”

“Tant pis.”

“Vous n’avez qu’une idée au lieu d’en avoir trois.”

“Mais, cette idée!”

“Vous n’êtes pas des gens polis comme nous autres.”

“Dieu merci.”

“On se moque de vous dans la bonne société.”

“Ma foi, oui.”

“On vous trouve des francs-parleurs.”

“Cela fait peur.”

“Vous raisonnez sans phrases.”

“C’est notre façon.”

“On ne vous aime pas.”

{246} “J’en suis fâché”

“Vous refusez obstinément, et contre toutes les règles en pareils cas, de faire empereur l’aimable général Jackson, celui qui vous a si bien servi; et, en outre, vous persistez, de génération en génération, dans les mêmes institutions.”

“C’est notre originalité qui fait cela.”

“Monsieur, vous êtes,. ... ” ici M. Blouse rassemble toutes ses forces pour prononcer le mot — “république!”

“Et tout moyen de la discréditer est bon.”

Il y a pause. Les collègues de l’orateur s’empressent de le féliciter, et lui font leurs compliments les larmes aux yeux.

Je reste les bras croisés comme un député sous le feu des huées.

Alors M. Blouse boit avec dignité de l’eau sucrée, et il cherche de nouveau parmis ses documents. Il continue cependant avec moins de chaleur.

“Après mon beau discours, cher M. Cooper, mon discours si véritablement pathétique et philanthropique, et qui devrait étonner un homme comme vous, né et élevé dans une société si rude, la justice exige que je produise les pièces justificatives de quelques-unes de mes propositions qui ne sont peut-être pas encore {247} assez clairement établies. Faites-moi le plaisir d’examiner ce document, et j’attends de votre candeur que vous le prononciez vraiment dégoûtant.”

Je regarde ce que M. Blouse me présente. C’est une épreuve d’un journal qui s’appelle le New-York American, et qui date de juin 1832. Mes regards s’arrêtent sur une critique du Bravo, roman dont je dois porter l’opprobre. La Revue est écrite nécessairement en anglais, et celui qui tient la plume parle comme Américain par excellence; voici quelques unes de ses paroles: “Si M. Cooper veut éviter le mépris de ses semblables, qu’il n’écrive plus d’ouvrage comme le Bravo. — Si ce livre a du succès, je rougerai pour ma patrie.” Je me sens perdu; quelle horreur que d’être cause de la disgrace de douze millions d’âmes innocentes, de quatorze même, y compris les esclaves! Mais je me remets un peu, et je prends courage pour examiner de nouveau l’article. Bientôt je sens le raisonnement académique, je trouve aussi certains idiomes étrangers, assez mal rendus dans notre langue; plus loin des mots anglais les plus communs, et parfaitement idiomatiques, marqués comme citations, quoiqu’il soit difficile de dire à quel auteur on les a empruntés. Tout se ressent d’une traduction assez maladroite{248}ment préparée. J’examine le paragraphe, où se trouve ordinairement le titre de l’ouvrage soumis au scalpel du critique, le nom du libraire éditeur, etc., etc. Ici je trouve ce qui suit: “Le Bravo, histoire vénitienne, 1 volume in-8., par J. Fenimore-Cooper. Baudry, rue Coq Saint-Honoré, Paris.” Sans doute ce petit contre-temps venait de l’ignorance où l’on était qu’on sût imprimer en anglais aux États-Unis de l’Amérique-du-Nord. Je rends le journal à M. Blouse.

“Monsieur, il y a ici une petite erreur; un de vos arguments sur la polémique des finances s’est glissé peut-être, par hasard, parmi les documents nouvellement arrivés.”

Ici, MM. de Trois-Idées s’agitent d’une manière à faire croire au violon qu’ils désirent danser; cet aimable et complaisant instrument se met de suite à jouer un air sur le motif de Bon voyage, mon cher Du Mollet, et mes hôtes disparaissent avec un fracas tout-à-fait digne de leur haute mission. . ...


Le violon se tait; le présent s’éloigne, l’avenir s’approche. Peu à peu le sombre nuage qui a si long-temps couvert la terre des Powhattan et des Metacom, se dissipe, et on y voit plus clair. {249} L’âge des miracles passe; l’homme est là avec ses faiblesses, ses passions et même ses vices; mais l’homme est là avec ses meilleures qualités en action. Les principes se répandent avec la force; les idées retournent de leur long pélerinage vers l’ouest, simples et purifiées, également sans exaltation et sans bassesse. Alors commence le règne d’une idée, et cette idée est pour le bonheur de tous. On n’attend plus ce qui est impossible; on ne nie plus que le soleil brille dans le ciel. Alors on commence à se comprendre, les deux hémisphères s’embrassent, le monde n’est en effet qu’une patrie générale. On s’éveille, et les rêves finissent. . ...


J’étends la main pour m’emparer des documents des MM. de Trois-Idées, comme de restes précieux. Ils ont disparu. Il n’en reste rien. . ...


“François Emery!”

“Monsieur.”

“Apportez mon habit et mes bottes.”

“Allons-nous partir pour l’Amérique?”

“Bientôt, mon ami.”

“Est-ce que monsieur compte y aller par la poste, ou par le bateau à vapeur?”

{250} “Les relais sont trop longs pour la première, — quant au second, il n’y en a pas.”

“Monsieur vient de plaisanter?”

“C’est clair.”

“Ce serait assez drôle! — point de bateaux à vapeur!”

J. FENIMORE-COOPER.


No Steamboats — A Vision

[Original American Translator’s Note:] From ‘ Le Livre Des Cent-et-un,’ Vol. IX. Paris, 1832. This ‘Vision’ was written in French, by our distinguished countryman, and has never, we believe, been published in America. We trust the high-toned, patriotic feeling with which it is imbued, will make it a favorite with our readers, even through the disadvantages of our imperfect translation. The French editor allows it to be an exquisite irony on the European ideas of America and our institutions. Annotations, and passages enclosed in [square brackets], have been added to the original translation by Hugh C. McDougall of the James Fenimore Cooper Society.

{71} FIFTY centuries have passed away, and yet the noblest designs of Providence remain concealed from human understanding. Creation changes its forms, — the world decays with time — the foundations of the earth are shaken, and a race disappears before the deluge. The creature of ocean’s depths is drawn from its caverns and hermetically sealed in the heart of the solid rock. Generations are born, die, and are forgotten. Empires arise, pass away, and leave only their remembrance. Cyrus and Alexander, the Ptolemies and Solomon, Greek and Roman, Confucius and Zoroaster, perform their parts, and quit the stage. But the last, the most sublime of all the acts of the Drama, is yet to come.

Earthquakes swallow up kingdoms; volcanoes bury palaces, towers, and cities; the fertility of Africa withers beneath the heat of a scorching sun. Hills are formed where lakes once spread; the plains are cumbered with fragments of mountains; and rivers are lost in burning sands. Animals yield to the influence of Time. The mastodon is known only by his bones; the ferocity of the wolf is lost in the docility of the dog; the bounding zebra becomes an ass. And the veil remains before the eyes of man!

Art, knowledge, power, pass from the East to the West. Barren deserts occupy the places once revered as the seats of science; the tiger prowls in the school of the philosopher; lizards sport on the noblest monuments of art; and the serpent leaves his slime in the halls of kings. The moment arrives, the signal is given, Columbus is born, and the East acknowledges the existence of the West.

There is joy from the pillars of Hercules to the North Sea! Heaven has given to Europe a rich tributary. The head of the church distributes the New World with a liberal hand; the nobles of the earth rejoice in the acquisition; America will be an inexhaustible treasure. Christians of every nation go with the sword, the blood hound, and the cross. The sun of civilization rises upon the Western hemisphere. Montezuma is laid upon his bed of roses. and the soil is enriched with the blood of the Incas. The gold of Peru and Mexico flows like water, and Brazil yields her precious stones. There is joy from the pillars of Hercules to the coasts of Norway!

{72} The mysteries of God are inscrutable. A dark cloud overshadows the land of the Powhattans and the Metacoms. 1 Neither prince, nor count, nor baron, nor even a sire de Coucy, 2 will there couch his lance. No gold glitters there!

A bark, bearing the colors of Christ, departs, enters the cloud, and is seen no more. 3 A century and a half passes away, and Europe has forgotten the existence of these simple and devoted Pilgrims. The march of time is ever onward; the mines of Mexico have become exhausted. — Peru yields only blood. Europe begins to awaken, and gazes upon America. The seed cast upon that unknown shore has taken root; the shrub has become a tree. A nation has arisen there, strong by its position, its labors, its principles. The world is agitated, examines, is alarmed, and — —


There is heard a low murmur in the rue Saint Dominique. The sound approaches and stops before the court of the hôtel Ville[r]mont. 4

In the little study 5 reigns a tranquil silence; the fire blazes in a chimney truly Parisian; the red hangings, the gildings of the style of Louis XV, — the laughing Cupids, the tableaux vivants, are revealed by the mysterious light. The violin of the worthy M. Alerme of the grand Opera, 6 lies upon the table. The door is opened by the faithful Swiss [François Emery], 7

’Messieurs de Trois-Idées-Européennes wish to come up’

’And all this racket caused by an Idea!’

’Monsieur is mistaken: — there are three of them.’

’Oh! they are quarrelling. I understand. What sort of a people are these gentlemen?’

Ma foi. I cannot say. Their footmen call them abstractions,’

’Oh! they have footmen then! They come in a carriage?’

’Although Monsieur has travelled a great deal, I do not think he has ever seen such a droll vehicle! It is nothing but an enormous wheel, which is pushed forward by a multitude of people on foot, who get along as they can, through thick and thin; while these three gentlemen, seated astride the beam, 8 guide the wheel.’ 9

’And this goes on well?’

’Pretty well. — For better, for worse, as it may be.’

’How old are these Ideas!’

’They have the appearance of gentlemen a little worn, and fitted up with new wigs.’

’And their names?’

[François Emery likes to display his knowledge. Examining closely the cards he was carrying, he answered]

’One is called M. de Portefeuille, the second M. de l’Hérédité, and the third M. Blouse. 10 The last is a great talker.’

’Let them come in ... ... [but if they have arrived in this manner are not their feet dirty?]’

[’Do not worry, Monsieur, about the carpet. They are sitting securely on the beam; if it were a matter of their hands, it would perhaps be different.’]

[’I didn’t think they came on all fours. Have them come up.’]

The strangers entered [and greetings were exchanged. At the first glance there appeared a striking resemblance between M.M. de Trois-Idées. But there was as striking a difference in their dress; though all three wore robes which concealed their true proportions. The head of one was deeply buried in a portfolio which he wore like a three cornered hat; another had his head adorned with a well powdered periwig, and nothing else — and the third was mostly in plush, 11 (blouse.) but I perceived that beneath this he wore silk stockings and fine linen.

’Gentlemen, I am happy to see you, and regret only that my study is not more worthy of receiving such guests. But as you have the appearance of being very obliging, I hope to be able to entertain you.’

[M.M. de Trois-Idées arranged themselves like tight-rope walkers, with infinite grace.]

’M. Cooper,’ — returned M. Blouse, ‘we are not persons who allow ourselves to feel incommoded in any situation whatever. You see how admirably we agree together; we are like fluids which always find their level. {73} The purpose of our. visit is noble, grand, vast — in a word truly IDEAL. I wait your permission to explain myself more clearly.’

’The clearer the better, Monsieur.’

[M. Blouse then arranged three armchairs so as to form a platform. He climbed up, and as he accidentally touched the head of M. de l’Hérédité with his finger, a little bell seemed to sound. The speaker extended his arms like a Cicero, and began:]

’M. Cooper,’ continued M. Blouse, ‘we are Messieurs de Trois-Idées-Européennes. The study of the great interests of man constitutes our occupation, their improvement our duty as well as our pleasure; we are true philanthropists 12 devoted to the general interest. We are not like you Americains who think only of yourselves; but after paying suitable attention to our own affairs, we are at the disposal of the world. We have thoroughly examined every question, discovered every truth, and drawn all the just and profound consequences that logic, philosophy, grammar, geography, in a word, the seven sciences, and all that the arts, individual politics, and human knowledge can obtain. But, M. Cooper, what a dreadful picture of your unhappy country has been brought to light by our philanthropic investigations! 13 In America we see the people in possession of powers which naturally belong to the nobility; the consequences are frightful; corruption stalks undisguised; selfishness reigns supreme. A social chaos confounds all classes; the Christian is a savage; the savage a Christian. The blacks are whites; the whites mulattoes, and the water itself is changed to rum!’

Here M. Blouse seemed almost overcome with his emotions; M. de l’Hérédité covered his eyes with his hand. and gave a condoling bow; M. du Portefeuille disappeared for an instant at the door. I learned afterwards that this short absence was only to despatch couriers to the different courts with intelligence of the profound effect produced by this first coup parlementaire. [Order returned.]

’M. Cooper.’ resumed M. Blouse, laying his hand upon his heart, like a man deeply convinced of the truth of his own words; ‘we are not of the prejudiced class; we have abandoned the opinion of the natural inferiority of America to Europe; 14 in this matter we are more than philosophic — we are just.’

’Then you do not believe us to be negroes?’ 15

’We do even now, throwing aside all diplomatic reserve, declare in the face of the universe, that the ancient European writers were in the wrong; that in America men have really beards, fishes scales, monkeys tails, and tigers claws. Yes, in all cases we must be just; if there be any difference between these embellishments and those which are found in our old Europe, it is only the natural difference which exists between the productions of a new hemisphere and one already experienced. Yes, we must be just. America, in this matter, has only her youth to blame. Time will relieve her of all these embarrassments.’

’M. Blouse, the unexpected liberality of this concession convinces me that I have the pleasure of speaking to enlightened men.’

’Yes, we must be just. The monkeys of America have really tails. [This impartiality demonstrates the spirit in which we have pursued all the other investigations.] But, M. Cooper, my very dear, very esteemed, and too well beloved friend, we are touched to the heart by the danger of a people possessing but one idea; an idea so selfish that it confounds an entire nation with itself. We see your perils, moral, social, and pecuniary, and have resolved not to abandon you to your own movements without one effort to show you the gulf into which you are about to fall. We directed our agents in America to send us, without loss of time, the documents necessary for a complete exposé of the mournful state of your dear and unhappy country. We can speak with authority; we have just received from New-York a multitude of these documents, by the last steamboat which arrived at Havre.’

’M. Blouse. I breathe again. As there is no steamboat which navigates the ocean between Europe and America, it is possible that you are deceived with regard to facts more important to my country.’ 16

’No steamboats!’ cried M. Blouse, casting upon me a look of pity mingled with grief. ‘M. Cooper, your patriotic spirit is too easily alarmed. {74} I had not the slightest intention of making any unpleasant allusion, although these steamboat enterprises are eminently republican. By a moment’s reflection you will see the impossibility of disproving a fact recognised by all Europe from the Mediterranean to the White Sea.’

’It is precisely because the evident falsehood of what you call a fact is seen, so to speak, in your own ports, that I am induced to believe you may be mistaken with regard to things less evident.’

’M. Cooper, you are a seaman.’

’Enough of one to know the difference between a steamboat and a ship. M. Blouse, you may be assured that the packets between Europe and America are not steamboats.’

’No steamboats!’ exclaimed M. de l’Hérédité.

’Pray do not suffer yourself to be disturbed on account of a denial arising from a transport of patriotism,’ said M. Blouse. ‘It is of no consequence. Here, M. Cooper, are the documents which concern your country in whatever way they have arrived.’

Here the gentlemen of ‘The Three Ideas’ emptied their pockets of a quantity of books, pamphlets, and newspapers. I observed the names of Buffon, Balbi, Basil Hall, Saulnier, Jeffrey, the British Review, Quarterly Review, and the work of Mrs Trollope, among a hundred others. 17

’We have here,’ continued M. Blouse, ‘proofs, mournful and incontrovertible proofs of the condition of your wretched country. At least one fourth part 18 of these documents is from the United States of North America, themselves.’

’M. Blouse, there is no country which is called the United States of North America.’

’You deny facts, so to speak, consecrated in the mind of all Europe! And you think it possible to reason in this strange manner!’

’It appears to me that all the merit of our discussion must depend upon facts. You bring forward heavy charges against my country; I think it important to prove that you are misinformed respecting a very familiar subject, and that you are ignorant of its very name.’

’Monsieur, you attach a very undue importance to facts; you, the champion of rational liberty, to circumscribe the bounds of logic in this manner! However, we are not to be driven from our position by dogmatic assertions. Where is our last European work on the subject? Oh, here it is! You see, Monsieur Cooper, there is no mistake. It is the edition of 1832, of 1832, my dear Sir. Hear the words of the author when he speaks of your miserable country: — ‘Thus then, this confederation is known by the four names of the ‘ Anglo-American Confederation,’ which appears to us the least improper, because it can be applied to no other federative state; — of the ‘ United States of North-America;’ — of the ’Union’ par excellence, and of the ‘ United States,’ properly so called; the last is the official name, and is employed in all political transactions.’

’I find myself obliged to deny all four of these names. It is true that we often call our country the United States, by way of abbreviation. As to the ‘Anglo-American-Confederation,’ and the ‘United States of North America,’ these names are entirely unknown in my country. We say ‘the Union,’ as you say ‘the Kingdom,’ in Europe.

’But, M. Cooper, you forget our high authority!’

’It is weighty! I see the necessity which I am under of meeting you armed with an authority, at least as valid, or of yielding the ground.’ Here putting my hand in my p0cket, I drew forth the ‘Constitution,’ and read the first clause with the boldness of a man at least half assured of his fact: — ‘The title of this confederation shall be the United States of America.’

’Well, now!’ exclaimed M. Blouse; ‘that is inconceivable — very strange! Oh, the Constitution is wrong! Many honorable Americans have assured us that there are innumerable mistakes in the Constitution.’

’No Steamboats! M. Blouse.’

{75} ‘M. Cooper, you appear to be very much concerned about that trifling mistake we made respecting steamboats.’

’I beg you wont think of it. Ideas that come in direct male line are often as absurd.’ 19

’It is clear the Constitution is wrong.’

’As you will, Monsieur.’

’Being then agreed concerning these preliminary facts, let us pass to the main argument. It is evident from the interesting documents received by the last steamboat from the United States of North America, that your Republic sleeps upon a volcano, and that you pay in taxes just six dollars and eighty-two cents and a half, each man.’

’Volcanoes are natural phenomena; and respecting the taxes, as they come from ourselves, it is hardly probable that we pay more than is necessary for our own benefit.’

’A fatal error! The tendency of every popular movement is to excess; and if we leave with the people the right of taxing themselves, the people will tax themselves to the last cent. Is it possible, my dear M. Cooper, that you have not read the work we have lately published on this interesting subject,- the development of a spirit of finance entirely abandoned to itself!’

’Monsieur. I have given some attention to that ingenious development.’

’Very well; and I doubt not that a man of your intelligence will understand it as clearly as the author did. But I have the honor to propose to you still further research in these political axioms. At the present day there are but two great systems of government — the first, which rests upon the slender and unstable foundation of the people; the other, which depends upon three consequent and well-balanced ideas. It is difficult to believe that you do not see the immense difference between these two categories.’

’It appears to me to be the same difference as that between a man who stands upon his feet, and a man who stands upon his head.’

’No North America!’ exclaimed M. l’Hérédité.

’My dear M. l’Hérédité.’ continued M. Blouse, ‘all the questions have been decided in our favor. Let us proceed to facts. Behold, M. Cooper, a truly popular oppression. What dreadful tyranny! What a dreadful effect of the supremacy of a people over itself. You chain up the streets on Sunday; and this in a country which calls itself free! Poor streets! How wretched you must be! Would that you were European streets, so clean, so wide, so dry, so well furnished with side-walks; in short, so free! Poor American streets! — how cruelly you are oppressed!’ And M. Blouse wept sorrowfully, and the tears gathered in one eye of M. du Portefeuille; he never permitting more than one half of any human sympathy to appear.

’Dry your tears, gentlemen, I beseech you; the injury to the streets is not fatal. We are Protestants, and the service of our religion demands quiet; during certain months of the year, on account of the climate, the windows of our churches are left open, and to prevent the rumbling of carriages, a chain is stretched across the street in places where the noise might create disturbance. But no person is prevented from travelling on foot wherever he pleases; and even carriages draw up to the doors of all without exception. Besides, this custom is rather Protestant than American, and is found even in countries most favored by the government of the “Three Ideas.” You chain up your streets, too, very often with swords and bayonets, that the courtiers may come easily to pay their respects to princes; — we stretch a chain over our streets that the pious may worship God in tranquillity. Our sentinels eat nothing, and compared with your soldiers, we think, at least, our chains most economical.’

’It has required an insurrection of the people to make your steamboats run on Sunday. — Poor. oppressed steamboats! [poor strangled streets!]’

’M. Blouse, your amiable tenderness of feeling for streets and steamboats transports you beyond the bounds of reason. The government of the United States being truly republican, [(I demand the floor, interrupted M. du Portefeuille, heatedly.)] our laws are only the reflection of public {76} opinion; and an insurrection of the people is by no means necessary to alter them. It is true that a controversy has been carried on respecting the employment of steamboats on Sundays. I recollect a caricature representing clergymen and zealots endeavoring to hold one of these steamboats by the means of cords, and the people pushing it on. Perhaps. M. Blouse, you have taken this little engraving for a well authenticated fact. Will you have the goodness to examine your documents, it is possible you may find the caricature among them?

[’No Sunday in the United States of North America!’]

[M. du Portefeuille took the floor.]

[’Messieurs,’ said he, ‘our principles have been attacked. It has been said that we are not representative ideas, but absolute ones. I shall include the entire theory of our ideas in a Protocol No. 7896, and in the meantime I do here, before God and man, make a solemn protest against the accusation.’]

[’Messieurs, it is difficult for a man to support a thesis, when every fact he establishes becomes an accusation against his adversaries. I am here on the defensive, and if the explanation of the theory and practise of my country injures some other systems, the fault is certainly not mine.’]

[Here M. du Portefeuille came down from the three-armchair platform, and M. Blouse went up again.]

’Look on this picture!’ said M Blouse. ‘See the degradation to which the principle of universal suffrage has reduced even the fair sex among you.’ He reached me an engraving; it represented a very ugly old woman, a mirror, and upon a chair some articles of dress at present useless.

’M. Blouse, this looks like the Palais Royal.’

’Not at all, — it has been furnished from the personal observation of a delicate and refined lady, well imbued with the “Three Ideas.” 20 She lately made the tour of your country, and you see what she has discovered! This is not all. She states that your women pass their evenings in drinking tea with spruce young missionaries, while their stupid husbands are engaged with newspapers at their reading rooms. When the ladies are sufficiently intoxicated with tea, they go to the Dorcas Societies, and stay till midnight, making shirts for the poor! Think of the immorality of these Dorcas Societies!’

’And all these philosophical truths come from this lady?’

’There are many such truths. She was called an ‘ old woman,’ even to her face.’

’Perhaps that insult is the cause of her misrepresenting my fair country-women in this manner.’

’Your suspicion is unjust. The impartiality of Madame Trollope is above all reproach. Hear her own words. — “The Ladies of America are the most beautiful in the world, but the least interesting.”’

’As there is a striking contradiction between the engraving and the assertions of this excellent and impartial observer, and as you have allowed to me all the dignity of a man with respect to the beard, it seems to me we should do well to allow this portion of the controversy to be settled by the contrast which exists between the book and its embellishments.’

’Horrible infamy! A Dorcas Society of shirts!’ exclaimed M. l’Hérédité.’

’I entreat you, M. l’Hérédité, not to interrupt me any more!’ — said M. Blouse.

’Be indulgent, M. Blouse,’ said I. ‘When we speak before empty vaults we must always, by the laws of acoustics, expect a response; and an Idea like you ought to know that echoes always lose a certain portion of what is said.’

’Of what consequence is a word more or less to the subject?’ inquired M. Blouse. ‘There are many other circumstances against your country. 21 For example, such is the false delicacy of your ladies, that they refuse to dance the dos-a-dos in quadrilles; here you see the fact formally stated by a very refined Englishman, who is but too indulgent towards you.’

[’I demand the floor for a point of personal privilege,’ cried] the Violin of the worthy M. Alerme, of the Grand Opera.

[M. Blouse left the platform, and the violin mounted it. Several chords were heard, and the last sounded harmoniously.] 22

’Gentlemen, the assertion of M. l’Angloise is an infamous folly. The traveller was ignorant of the customs of ball rooms. The dos-a-dos is already Gothic; having been out of fashion six weeks before the departure of this Vandal for America!’

Here the Violin executed a finale in great style, [and left the platform. M. Blouse resumed his place.]

’M. Cooper,’ — said M. Blouse, not in the least disconcerted. — ‘attend now to a decisive fact. Two members of the American Congress fought with swords and pistols, on horseback, in the senate chamber. It is even {77} stated that the batteries were prepared by the respective friends of the combatants, and that three pieces of cannon, with ammunition, had just reached the lobby, when the speaker succeeded in establishing order.’

’The fact is a little exaggerated. It is true that a man who is not a member of Congress, did make an attack with his cane upon another who was a member; this happened at a short distance from the Capitol, in the open air. It is likewise true that the aggressor, finding himself at the mercy of his insulted adversary, did fire a pistol. Both the actors in the affair were immediately brought to justice. But respecting the two members of Congress, the swords, the cavalry, the cannon with ammunition, all that is merely one of those rumors which always follow great combats.’ 23

’The mortal strife of two members of Congress, is a fact already consecrated in the minds of Europeans!’

’Of course, Monsieur. The minds of Europeans are very acute when Americans are the objects of their contemplation. [You have heard the extraordinary way in which your colleague, the honorable M. de l’Hérédité, distorts your own words on the subject.’]

’At any rate, there was a pistol fired, and against a real member of Congress. You acknowledge that fact, M. Cooper, and that is a great deal’

’Unfortunately, that is but too true, and that is a great deal. Nevertheless, similar outrages often happen under the influence of the “Trois-Idées-Européennes.” In England, the country most idealized, according to your system, king George III. was twice fired at. 24 M. Percival, prime minister of the same country, was killed in the passage to the House of Commons. 25 King William IV. 26 was lately hit by a stone on the forehead. M. Calemard de Lafayette was assassinated while leaving the Chamber in the Square of Louis XV. about three years ago.’ 27

’Give yourself time to breathe, my dear M. Cooper, I entreat you. Let us forget this unlucky pistol shot. We have a multitude of overwhelming facts against your unhappy country. We are assured that you are altogether without taste. You have neglected, with a truly anarchical spirit, to build magnificent castles, and lay out beautiful parks along the banks of the Columbia river, and even upon those of the charming lake of the Woods. What delightful sites thus suffer by your low, grovelling selfishness.’

’Time will remedy these evils!’

’You have no politeness.’

’That will come with the castles.’

’You are ignorant of the rules of good-breeding.’

’We shall learn them hereafter.’

’You are rotted before you are ripe.’

’It is the precocity of a rich nature.’

’Your ancestors were only European felons.’

’It is a pity there are no more of the same sort.’

’Your merchants are cheats.’

’What would you have them be?’

’Magnanimity, honesty, and all the noble quantities are wanting in your people.’

’They are doubtless ideal monopolists.’

’You are eminently low and vulgar.’

’Lend us some of your high polish.’

’Were it not for the pure virtues of simplicity, your social compact would be broken tomorrow.’

’Our virtues, then, do us good service.’

’You are eternally employed in disseminating your opinions.’

’Truth is always so.’

’Our agents, even to those who are but eighteen years old, and who are entirely qualified to decide the question, write us from Washington, that your “Union” will be broken up next Monday, at three quarters after two, by the clock.’

’It will last a week longer.’

{78} ‘It [is] said, moreover, that your government is nothing but a compromise.’

’So is every government — or something worse.’

’Your institutions are ideal.’

’There is something to your taste.’

’You are devoted to common facts.’

’There is something to ours.’

’You love General Lafayette!’

’We have our reasons for this.’

’You are young.’

’So much the better.’

’You will never become old.’

’Better still.’

’You have only one idea, instead of having three.’

’But that idea!’ —

’You are not refined like us.’

’No — thank heaven!’

’You are laughed at by good society.’

’Very true.’

’You are found to be plain speakers.’

’We shall be feared the more.’

’You reason without sententiousness.’

’It is our way.’

’Nobody loves you.’

’I am sorry for that.’

[’You obstinately refuse, against all reason, to make the amiable General Jackson your Emperor, he who has served you so well, and, moreover,] you continue, from generation to generation, in the same institutions.’

’Our originality is the cause.’

’Monsieur, you are’ — here M. Blouse collected all his powers to pronounce the word — ‘a Republic!’

’And every means of depreciating that is righteous in your estimation.’

’A pause ensued. The colleagues of the orator hastened to congratulate him, and pay their compliments with tears in their eyes. — I remained with folded arms, like a deputy under a volley of hisses.

M. Blouse, after sipping with dignity, a little sugared water, recommenced his search among his documents. He spoke again, but with less warmth.

’After my excellent speech, my dear M. Cooper, my speech, so truly pathetic and philanthropic, and which must astonish a man like yourself, born and educated in a society so rude, justice demands that I produce the articles which support some of my propositions, which are not, perhaps, yet established with sufficient clearness. Do me the favor to examine that document, and I expect from your candor, that you will pronounce it truly disgusting.’

I cast my eye over the article. It was the proof of a journal entitled the New York American, bearing date June, 1832. My glance was arrested by a criticism on the Bravo, a novel of which I bore the opprobrium. The review was written, of course, in English, and the writer speaks as an American, par excellence; the following are some of his words, — ‘If Mr. Cooper would avoid the contempt of his fellow-men, let him write no more books like The Bravo. If this work is successful, I shall blush for my country!’ I felt myself lost; how dreadful to be the cause of disgrace to twelve millions of innocent souls, to fourteen even, including the slaves! But I recovered a little and taking courage examined the article again. I soon found the ornaments of the ‘Academy.’ I found. also, certain foreign idioms, very badly rendered in our language; farther on, some English words of the most common kind, and perfectly idiomatic, marked as quotations, although it would be difficult to say from what author these had been taken. All this has the appearance of a translation very badly performed. I then examined the title of this work, the name of the publisher, &c, and found {79} the following: ‘ The Bravo, a Venetian Story. By J. Fennimore Cooper. Baudry rue Coq Saint-Honoré, Paris.’ Doubtless this little contre-temps arose from the ignorance on the part of the writer that the art of printing in English was understood in the United States of North America. 28

I returned the paper to M. Blouse.

’Monsieur, there is some little mistake in this. One of your arguments on the financial controversy has slipped, perhaps by chance, among the newly arrived documents.’

At this observation the gentlemen of the ‘Three Ideas’ were agitated in such a manner as caused the violin to believe they desired to dance; this amiable and complying instrument immediately began to play the air, ‘Bon Voyage, mon cher Du Mollet,’ and my guests disappeared with a crash, altogether worthy of their high commission. 29


The violin ceased — the Present passes away — the Future approaches! By degrees the dark cloud which covers the land of the Powhattans and the Metacoms is dissipated, and the world begins to see clearly. The age of miracles is over; man is there with his weaknesses, his passions, and his vices;- but man is there with his best powers and faculties in action. The progress of free principles is mighty. Ideas return from their long pilgrimage towards the West, simple and purified, devoid alike of extravagance, and meanness. Now begins the reign of one Idea — and that Idea is — the happiness of all! Man no longer expects what is impossible; he no longer denies that the sun shines in heaven. He now begins to know himself, — the two hemispheres embrace, — the world is in reality but one common country.

I awoke and my vision was ended.


[I put out my hand to grasp the documents from Messieurs the “Three Ideas,” as precious relics. They had disappeared. Nothing of them remained.]


[’François Emery!’]

[’Monsieur.’]

[’Bring me my coat and boots.’]

[’Are we leaving for America.’]

[’Soon, my friend.’]

[’Do you intend to go by coach, steamboat?’]

[’The stages are too long for the first, — as to the second, there isn’t any.’]

[’Monsieur must be joking?’]

[’Obviously.’]

[’That would be very strange — no steamboats!’]

[J. FENIMORE-COOPER.]


Notes

* As originally printed, this paragraph was run on into the next, leading to confusion as to the speaker [Hugh C. McDougall]

1 Native American leaders Powhattan (1550?-1618) of Virginia and Metacom (d. 1676), better known as “King Philip,” of the Wampanoags of New England.

2 Sire de Coucy. Refers to an ancient French noble family from Picardy, whose proud motto was “Roy ne suis, ne prince ne duc, ne comte aussy; je suis sire de Coucy“ [“I am not king, nor prince, nor duke, nor even count — I am the Lord of Coucy.”]

3 An obvious reference to The Mayflower, which in 1620 brought the Pilgrims to the New World.

4 The Cooper family was living in Paris at 59 rue Saint-Dominique, a mansion (hôtel) belonging to the Comte Alexandre de Villermont.

5 The translator here inserted “of M. Cooper.”

6 P. E. Alerme, author of De la danse, considérée sous le rapport de l’éducation physique (Paris: Les Marchands de nouveautés, 1830) [“The Dance, Considered as Physical Education”], which was a very popular book in both France and America. Other than this book, which states he lived at 11 rue Thérèse, little seems to be known about him. Presumably M. Alerme was known to Cooper, and played the violin.

7 François Emery was one of Cooper’s household servants, who had been hired in Switzerland as a coachman, and who did in fact accompany the Cooper family to America in 1833.

8 In French, timon. A better translation might be the “tiller” or “helm.”

9 An image that rather eerily suggests the famous “parable of the coach” in Edward Bellamy’s Looking Backward, 2000-1887 (1888).

10 Literally, Mr. Pocketbook, Mr. Heredity, and Mr. Overalls (from the cotton coat worn by French peasants and workers). They evidently represent the “three European ideas” of wealth, aristocracy, and a false populism.

11 “Plushes” is an English term for the trousers or breeches worn by footmen — the translator obviously considers it an appropriate translation for blouse.

12 The French original is philanthropes (“philanthropists”) but the translation used philosophers.

13 Again, the French original is investigations philanthropiques, but the translation used philosophic.

14 The French naturalist Count Buffon (1707-1788), whom Cooper had made fun of in The Prairie (1827), had advanced the theory that all living things in the New World were inferior to those of the old.

15 Cooper, like other American travellers to Europe, had been shocked to discover that many Europeans believed that all Americans were Negroes.

16 Cooper is of course correct; the first steamboat to cross the Atlantic without using sails was in 1839.

17 Count Buffon (1707-1788), the French naturalist who asserted the inferiority of New World animals; Adriano Balbi (1782-1848), Italian geographer, resident in Paris, whose statistics on America were relied upon by other European writers including Saulnier; Basil Hall (1788-1844), British traveller whose Travels in America in 1827 and 1828 (1829) had infuriated Cooper as both inaccurate and tendentious; Louis Sébastien Saulnier (1790-1835), whose Nouvelles observations sur les finances des États-Unis, en réponse à une brochure adressée par le général Lafayette aux membres de la Chambre des députés (1832), attacking information on American finances provided to Lafayette by Cooper, was at this time being combated fiercely by Cooper; the Marquis Jouffroy d’Abbans (1751-1832), French steamboat pioneer; La Revue Britannique, French magazine (1825-1901) devoted to international affairs, of which Saulnier was an editor; the Quarterly Review, conservative English literary journal (1809-1967); Mrs. Frances Trollope (1789-1853) [mother of novelist Anthony Trollope], whose Domestic Manners of the Americans (1832) had savaged many aspects of American culture.

18 French original has “most of these documents.”

19 The French original had run together this paragraph and the next; the translator sought to correct this by inserting an additional paragraph after “respecting steamboats,”: viz.: ‘No — it is not worth a thought.’

20 Mrs. Frances Trollope, Domestic Manners of the Americans (1832), esp. Chapter 26.

21 French original reads “These worthy writers make many accusations against your country.”

22 The translator had written [the violin] “began to play. After a few melodious chords, the following words are sung most charmingly.”

23 Representative William Stanbery of Ohio, in a speech on the House of Representatives floor on March 31, 1832, accused former Secretary of War Sam Houston of corruption. On April 13, Houston met Stanbery on Pennsylvania Avenue and attacked him with a cane. Stanbery defended himself with a pistol, which misfired. The House of Representatives, after a month-long trial, voted 106-89 to reprimand Houston. Stanbery sued him for assault, and won a verdict of $500.

24 Not quite accurate. King George III was twice the victim of assassination attempts: a housemaid in the palace tried to stab him on August 2, 1786, and he was shot at in the Drury Lane Theater on May 15, 1800. Both assailants were acquitted on grounds of insanity.

25 British Prime Minister Spencer Percival was assassinated on May 11, 1811, by a disgruntled man with claims against the Government. The assailant was convicted and hanged.

26 The Royal carriage carrying King William IV and his sons was stoned in the spring of 1832, at the height of the crisis over the Reform bill.

27 French Deputy Calemard de La Fayette [no relation of the Marquis] was shot outside the Chamber of Deputies in Paris on May 2, 1829, by a former Army Officer named Genesté-Plaignol, and died the day after.

28 The New-York American of June 7, 1832, carried a vicious review of Cooper’s latest novel, The Bravo, signed “Cassio,” which Cooper wrongly believed, to have been translated from the French, because the author referred to the French (Baudry) edition of the book. In fact, the review was by an American, but one living at the time in Paris, and hence using the Paris edition.

29 This tune (literally “Good bye, my dear Mr. Calf [of the leg]”) is associated with the French port city of Saint-Malo, a walled city which in the Middle Ages avoided the necessity of hiring night watchmen by loosing a pack of ferocious bull-dogs at 10:00 p.m. every night.